LE SDRIF (schéma directeur régional Ile de France)
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Observations sur le SDRIF. Le point de vue seine-et-marnais d’Eélv.

 

Le premier point à observer est qu’entre les deux versions du SDRIF, les élus et militants Eélv n’ont guère été consultés, encore moins écoutés. Des observations ont été faites et remontées par Jean Dey, conseiller général et vice-président du CG 77, pour lesquelles il n’a eu ni retour ni l’impression qu’elles aient été prises en compte.

 

Telle quelle, quelle conception le projet de SDRIF révèle-t-il de la Seine-et-Marne? Elle apparaît comme une colonie du reste de l’Ile-de-France. Le mot n’est pas trop fort car elle est belle et bien considérée comme une réserve foncière, de main d’oeuvre, d’eau (la nappe de Champigny, notamment), de granulats, une terre d’accueil pour les déchets… Et d’un projet à l’autre, la tendance s’est malheureusement encore accrue.

 

La relation entre domicile et emploi est à cet égard significative. Le ratio est actuellement de 0,66. La première version préconisait 8700 logements par an pour 4400 emplois, soit 2 pour 1. La nouvelle passe désormais à 2,4 logements pour 1 emploi. Les prévisions Insee et Iau prévoient une augmentation pour la Seine-et-Marne de 94000 actifs sur la période 2007-2030, la plus importante de la région. Quelles conséquences cela peut-il avoir? La multiplication des cités-dortoirs, la saturation chronique des transports, des conditions de vie et de travail toujours plus médiocres… Il faut donc revoir la proposition pour parvenir à un ratio de 1,6 logement pour 1 emploi (6400/4000 par an).

 

Il faut aussi prendre en compte les revendications techniques départementales.

 

Les déplacements :

– le réseau Grand Paris Express (ligne rouge Nord Roissy- Le Mesnil Amelot),

– l’électrification de la ligne SNCF Meaux-La Ferté Milon,

– la création de transports en commun en lien avec les différents pôles d’emploi (phase 2 du TCSP Sénart/Corbeil/Evry),

– TCSP Roissy pôle/ Mitry-Mory / Claye-Souilly)

– l’inscription d’une liaison express RERGV entre les gares TGV Orly-Lieusaint-Chessy-Roissy Charles de Gaulle,

Les infrastructures routières (puisque les transports en commun ne suivent pas…):

Aménagement du tronc commun A4 – A104 pour pallier à sa saturation : le plus important embouteillage d’Europe (hier inscrit au SDRIF),

En matière de liaisons douces : l’euro vélo V55 entre Montereau et le département de l’Yonne, la Voie Verte Fontainebleu Provins via La Bassée, les liaisons vertes Vincennes/Val de Marne/ Chemin des roses et l’aqueduc de la Dhuis.

La ville de Melun subit en son coeur même la politique du tout-automobile. Son franchissement est d’abord une problématique locale, non une question de transit logistique : le contournement ne ferait que déplacer le problème. Une meilleure diffusion du transit, en revanche, permettrait de réduire les difficultés, et les deux ponts aval et amont initialement prévus pouvaient contribuer à la résolution du problème (outre un usage autre des transports, la mise en place de parkings-relais et de co-voiturage…). L’un d’eux, celui en aval, a été pourtant supprimé dans la dernière version.

Rurbanité : tissu urbain et terres agricoles

 

Il importe aussi de concevoir le développement économique en fonction du vivier local et du concept de « ville durable », autour de la Cité Descartes, Tourisme Val d’Europe, le pôle des sciences de l’ingénieur à Sénart, le développement de celui d’enseignement supérieur du Val d’Europe, les pôles touristiques que constituent les sites labellisés par l’Unesco de Provins et de Fontainebleau, la création de grands équipements sportifs…

Par ailleurs, il paraît absolument indispensable de préserver autant que faire ce peut le caractère encore rural du département, en préservant notamment les terres avoisinant des agglomérations déjà protéiformes pour y installer et maintenir une agriculture paysanne (Amap).

Malgré la densification préconisée et qui risque de réduire la qualité de vie dans certains secteurs et en faire fuir les habitants vers d’autres secteurs plus éloignés du centre, on continue d’organiser l’étalement urbain. Voir notamment le secteur Marne-la-Vallée/Meaux, des pôles de centralité qui se touchent, alors que la vallée du Grand Morin fait l’objet d’un projet de PNR. Bizarrement, à Crécy-la-Chapelle, présence d’une pastille d’urbanisation préférentielle sur un « espace vert, espace de loisirs ».

 

La zone des Effaneaux, 120 Ha de terres arables, est vouée à être transformée en zones de logistique. Ce sujet avait été mis en pause pendant un certain temps (le logisticien Prologis ayant finalement jeté l’éponge pour un vice de forme dans la procédure). Malheureusement un nouveau logisticien a repris le flambeau. Les élus locaux soutiennent ce projet qui doit amener de l’emploi. De l’emploi oui, mais à quel prix. De l’emploi oui mais délocalisable, ni durable, ni soutenable. Nous avons avancer plusieurs contre-projets.

Concernant ce nouveau logisticien il a besoin que le SDRIF lui accorde 3 pastilles (il a besoin de 57 Ha et une pastille équivaut à 25 Ha). Or il n’y en a que 2 de prévu pour l’instant. Le projet est donc bloqué.

Souci, les communautés de communes du Pays Fertois et de l’Ourcq plaident en faveur de l’attribution d’une 3ième .

 

Que penser du prolongement du RER E au Val Bréon? Créer une gare hors agglomération existante, c’est, puisque le SDRIF péconise d’urbaniser autour des gares,  l’inquiétude d’une urbanisation programmée des espaces agricoles, constructions le long d’un axe de circulation (N4), étalement urbain ayant à terme pour conséquense l’urbanisation continue entre Tournan-Fontenay-Trésigny-Marne-la-Vallée.

Au train où vont les choses dans un siècle il n’y aura plus de terres agricoles en IDF, première région en nombre d’habitants. Avec tout ce que cela implique.

Nous devons militer, notamment dans cette zone pour qu’une pépinière de maraichers bio puisse voir le jour sur cette zone, que des projets de production et de transformation (à destination de la restauration collective et des établissements scolaires) puissent naître et se développer. Des projets « verts » il y en a. Cela permettrait de créer de l’emploi local, durable et non délocalisable.

 

Ces terres-là sont la première richesse de la Seine-et-Marne. C’est donc aussi servir toute la région (voire…) que d’orienter autrement l’aménagement du territoire, tant au plan local qu’au global.

 

PS : n’hésitez pas à faire vos observations (http://www.enquetespubliques.iledefrance.fr/lenquete-publique-sur-le-sdrif), et à nous en faire également part : c’est l’occasion, aussi, d’un inventaire départemental sur l’aménagement du territoire.

Sylvain Kerspern